Violeur de la Sambre : Alice Géraud écrit un livre porte-parole des victimes

Le 13/02/2023 - 150904 vues

Par Elena Rouet-Sanchez

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1) Commencez par vous présenter : est-ce votre premier livre ? Quelle est votre profession ?

Sambre est le troisième livre que j’ai écrit en tant que journaliste. Je suis également scénariste. J’ai longtemps travaillé auparavant pour le journal Libération, avant de co-fonder le site d’actualité Les Jours.

2) Pourquoi avoir choisi ce sujet ? L’avez-vous traité dans le cadre de votre profession de journaliste ?

Sambre, radioscopie d’un fait-divers, est effectivement un ouvrage de non-fiction ; c’est-à-dire un travail de journaliste pour lequel j’ai enquêté durant quatre ans. Cela porte sur l’affaire dite « le violeur de la Sambre », l’affaire donc Dino Scala.

3) Quel est l’angle de votre livre ?

J’ai choisi de m’intéresser à cette affaire, non pas par le prisme du criminel en série, de la figure de l’auteur ; je me suis intéressée au point de vue de ses victimes. Je me suis penchée sur ce que cette histoire raconte, histoire qui a démarré il y a trente ans, puisque cela remonte en 1988, et Dino Scala a été arrêté en 2018. L’angle porte donc sur le traitement des victimes d’agressions sexuelles et de viols.

4) Comment l’avez-vous écrit ? Avez-vous rencontré les victimes, afin de retracer leurs témoignages ?

J’ai commencé cette enquête en juin 2018, en rencontrant des victimes de Dino Scala. Ces rencontres m’ont à la fois bouleversée : ces femmes qui s’étaient arrêtées un matin au bord de la route, il y a dix ou vingt ans, et qui avaient du vivre durant toute leur vie avec cette douleur-là.

Ces rencontres m’ont aussi mise en colère, parce que j’ai compris que ces femmes n’avaient pas toujours été bien traitées par l’institution policière et judiciaire, et même plus globalement par la société en tant que victime de violences sexuelles.

5) Pourquoi le terme de « radioscopie » dans votre titre ?

J’ai voulu raconter ce que ce fait-divers raconte de notre société, et pour cela, je l’ai passé littéralement au rayon X. J’ai essayé d’étudier la manière dont les victimes ont été traité : la façon dont les policiers, les magistrats, les journalistes également ont fait leur travail sur cette enquête. D’où le terme de radioscopie.

6) Combien de temps a duré votre travail, la recherche ainsi que l’écriture ?

C’est une enquête qui a duré quatre ans : j’ai commencé en juin 2018 et j’ai terminé le livre qu’après le procès de Dino Scala, devant la Cour de Douai, qui s’est tenu en juin jusqu’à début juillet 2022. Je voulais raconter cette histoire jusqu’à son terme judiciaire, même s’il ne s’agit pas d’un terme complet, étant donné qu’il a souhaité faire appel. J’ai voulu raconter cette histoire de manière complète, et j’ai donc écris au fur et à mesure durant ces quatre années.

7) Quel message souhaitez-vous faire passer à travers votre œuvre ?

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas simplement de retracer un fait-divers, mais au contraire d’exprimer ce qu’il raconte de notre société. On voit bien à travers cette histoire, à quel point notre société a un problème pour traiter, appréhender, et même regarder les violences sexuelles la criminalité sexuelle. C’était à travers un récit factuel, j’avais à cœur de démontrer cette problématique.