Fourgon pénitentiaire attaqué : les surveillants de la prison de Valenciennes en deuil, alors que « la colère monte »

Le 15/05/2024 - 220305 vues

Par Nathan Bigué

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Le cœur est encore lourd. La voix un peu tremblante pour certains. Ce mercredi matin, un peu moins de 24 heures après l’attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire lors du transfert d’un détenu entre Evreux et Rouen, les surveillants de la prison de Valenciennes étaient mobilisés devant l’établissement. Depuis 6 heures du matin, les entrées et sorties sont condamnées. Un mouvement de soutien suivi partout en France.

« On est sous le choc. Deux collègues tués, trois blessés, c’est attristant, déplore Thierry Tesson, représentant du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) à la prison de Valenciennes. Pour l’instant, on est en deuil. Mais la colère monte ». Ses collègues, pour certains dans la profession depuis une vingtaine voire une trentaine d’années, ont dû mal à s’en remettre.  « On est à bout de souffle », insiste Stéphane Lecerf, représentant Ufap-Unsa. 

« Ça peut arriver à tous les agents »

Conséquence directe de ce mouvement, la prison tourne au minimum. Aucune extraction, aucun parloir. Seule l’équipe de jour, composée d’une dizaine de surveillants, et le personnel médical ont été autorisés à entrer dans l’enceinte. Devant la prison, là où le trafic routier est particulièrement dense en direction de l’A23, de nombreux automobilistes et routiers ont apporté leur soutien à coups de klaxons. 

Les surveillants, solidaires, veulent surtout se faire entendre, notamment auprès des instances. « On fait un métier dangereux, avec une population dangereuse. Ça peut arriver à tous les agents, en extraction judiciaire ou médicale, d’être pris en otage », regrette Thibaut Chauchoy, syndicaliste CFTC. Car même à la maison d’arrêt de Valenciennes, l’ambiance se tend. La montée significative de la violence n'y est pas pour rien. Les moyens humains et matériels réduits non plus. Et la prison de Valenciennes n’échappe pas à la règle du sous-effectif, avec 60 surveillants pour 320 détenus.

À Valenciennes aussi, des extractions non-sécurisées ?

Chaque extraction de détenus est soumise à une échelle de « danger », qui permet de fixer les moyens, plus ou moins importants en fonction, employés pour l’extraction. Les représentants syndicaux valenciennois, eux, dénoncent notamment les extractions régulières des détenus vers le Centre hospitalier de Valenciennes, durant lesquelles les agents ne sont pas armés. 

« Entre la prison et l'hôpital, c’est un chemin banal que tout le monde connaît », rappelle Dylan Lecerf, délégué FO. « Ce n’est pas très loin, mais il ne faut pas grand chose… », s’inquiète un surveillant. Après un événement comme celui dans l’Eure, la peur s’installe. Mais c’est aussi le moment d’être entendu.